célibatvos histoires de marde

Le manipulateur

Cette semaine, je donne la parole à un fan de la page qui a eu, elle aussi, droit au grand jeu du manipulateur.

 Psssst! Pas besoin de nous dire que des femmes manipulatrices ça existe aussi, on le sait. D’ailleurs, si vous avez des histoires là-dessus, envoyez-les moi, ce qui est important c’est ce qu’on partage et ce qu’on apprend… tous ensemble 🙂

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LE MANIPULATEUR ET LA PETITE VOIX QU’ON ÉTOUFFE

C’était au printemps 2015; j’avais 51 ans. Je m’étais inscrite sur un réseau de rencontres après plusieurs années d’absence. Un jour, de manière inattendue, je reçois un message d’un membre qui a littéralement capté mon attention. Après avoir écouté les profils de plusieurs membres “plates” qui m’endormait à cogner des clous sur mon divan, enfin, un plus intéressant qui ne ressemblait pas au commun des mortels. Il me disait ceci dans son français difficile:  “Hello Josi, excuse mon accent allemand. J’ai écouté ton profil plusieurs fois, on se ressemble beaucoup, you know…tu es un ange, sweetie…”.

UN ANGE!!! Je trouvais cela flatteur mais un peu exagéré… Je ne suis qu’un être humain avec ses défauts, ses blessures et aussi ses qualités, il ne faut pas en mettre trop, quand même, me suis-je dit!

Le lendemain, je lui téléphonais et nous avions eu une conversation qui avait duré 5 heures. Le déclic s’était fait, bien entendu, mais j’avais remarqué au fil de la conversation qu’il parlait beaucoup. J’avais parfois de la difficulté à placer un mot, un vrai moulin à paroles. Il me disait: “Si tu trouves que je parles trop, dit-moi take a break” .Ouin… Un signe???  Mais, bon, je me disais, je vais d’abord apprendre à le connaitre un peu mieux avant de le juger et le classer pour de bon.

Phase de la séduction

À la première rencontre dans un café bistro, c’était parfait; rien ne clochait en apparence du moins. Ma nouvelle conquête que j’appellerai David afin de conserver son anonymat, était très galant dans ses manières et très poli. Un parfait “gentleman” quoi! Quand je lui racontais mes déceptions à propos de mes rencontres précédentes avant lui, il me disait que je n’avais rencontré que des “trous de cul” et que lui, prendrait soin de moi. Bla bla bla…

C’était l’époque du jeu de la séduction: il me mettait sur un piédestal; il disait que j’étais la femme la plus merveilleuse au monde, la plus belle, que j’étais sa priorité etc… Malgré ses compliments flatteurs, je restais sur mes gardes. J’étais suspicieuse. Il m’avait aussi déclaré ceci: “I don’t want to fuck you, I want to make love to you”…Wouah!! Quelle belle déclaration! J’étais impressionnée  par son respect envers moi et bien sûr touchée! Je me suis dit: “Il est différent des autres gros machos égocentriques que j’avais connus auparavant”…OUF… Je n’en revenais pas que ça pouvait exister encore de nos jours. Il se qualifiait “d’extra terrestre” et j’étais entièrement d’accord avec cette affirmation.

David était un être très spécial qui m’a séduit de manière électrisante et foudroyante. Son excentricité, son intensité et sa sensibilité qui me ressemblait, j’ai tout de suite su que j’avais trouvé mon âme sœur. Jeune de cœur, de corps et d’esprit malgré ses 60 ans. D’origine allemande, artiste, musicien chanteur de talent très polyvalent dans le domaine des arts, androgyne, sensible, profond, il aimait bien me composer de nouvelles chansons, de belles mélodies d’amour. C’était tellement romantique! Aussi, de par sa générosité, il aimait bien me combler de cadeaux. C’était le bonheur total. Nous étions tous les deux dans un nirvana. Il y avait une chimie, une connexion spirituelle très forte entre nous. On pouvait discuter des heures au téléphone, laisser libre cours à nos fous rires interminables, teintés d’un brin de folie enfantine réveillant l’enfant en nous dans un univers fantaisiste. J’aimais bien lui composer de beaux poèmes, étant une artiste moi aussi.

Phase du délire de grandeur

David caressait un grand rêve. Le rêve typique de “l’American dream”. Il me disait souvent: “l’Amour donne des ailes”. Il s’imaginait qu’il allait faire fortune et devenir riche en vendant ses disques sur iTunes. Qu’il allait devenir une rock star, et que, par la suite, nous allions vivre dans une belle maison (avec une vue imprenable sur le bord de l’eau) dans le quartier huppé de l’arrondissement Ahuntsic où se trouvait des résidences à la coquette somme entre 500,000$ et un million. Le quartier où il vivait, mais, dans la partie plus modeste, bien sûr, (n’ayant pas les sous) dans son petit appart de 2 pièces et demi.

A chaque weed-end que je passais chez lui, il m’amenait faire des petites promenades dans ce quartier huppé, espérant que je fonde complètement dans son délire de grandeur. Il était très convaincu, que très bientôt, son rêve allait devenir réalité. Il me disait souvent ceci: “à force de visualiser, ça va arriver, sweetie. Regarde comme celle-ci ou celle-là est belle… Là, dans telle pièce, je vais pouvoir installer mon piano, et toi, dans l’autre, ton coin pour tes arts”…OH! la la… En plus, il connaissait tout les prix des maisons à vendre. J’étais convaincue qu’il allait jusqu’à téléphoner aux agents immobiliers comme éventuel acheteur. Il n’avait que son chèque de pension pour vivre LOL

Je commençais à m’apercevoir que quelque chose clochait; il était complètement déconnecté de la réalité, le pauvre. Au début, je trouvais ces comportements “weird”, un peu “cool”; je me disais: “C’est dû à son style excentrique. Inutile, d’en faire tout un plat”. J’aimais bien et ça me plaisait même. Mais quand ça devenait obsessionnels et répétitifs, la  “PETITE VOIX” me disait que quelque chose ne va pas bien chez cet individu. J’avais affaire à un vrai “weirdo”; un crack pot…

Phase du désintéressement, du délire de persécution et du dénigrement:

Dans les semaines et les mois qui ont suivis, j’ai remarqué que David n’était plus connecté au nirvana. Moi, dépendante affective (je n’aime pas trop cette expression populaire, car, elle a une connotation péjorative); je dirais plutôt “abandonnique”, je voulais que cette belle flamme continue encore et encore sans fin, mais, je sentais son désintéressement. David commençait à me lancer des petits commentaires désobligeants, par ci, par là, du genre: “Tu m’appelles trop, cesse d’avoir peur et d’être angoisser que je ne te rappelle plus. Je ne suis pas comme les autres, tu peux me faire confiance”.. Ouin!! la confiance envers les autres, je l’avais perdu à force d’être trop écorcher. J’étais devenue selon l’expression “un chat échaudé craint l’eau froide”.

Par la suite, il a commencé à me critiquer et me dénigrer constamment: tout ce que je faisais et disais n’était pas correct. Je devais constamment “marcher sur des œufs” pour ne pas froisser monsieur. Je n’avais plus de place pour la spontanéité dans mes paroles ou mes gestes, il avait des réactions émotives disproportionnées à une situation banale et il pompait facilement pour des peccadilles. Par exemple, si je lui faisais une simple remarque du genre: “Il est préférable de mettre la bière dans le frigo pour qu’elle refroidisse”, il me répondait de manière sarcastique: “Qu’est-ce que ça peut foutre, qu’elle soit dans le frigo ou pas, il y a des choses plus graves dans la vie”. Ouin, pas moyen de communiquer, décidément…

Il me réprimandait comme si je n’étais qu’une fillette de 5 ans que ses parents doivent éduquer. “Fait pas ceci ou cela. Tu as l’air de ceci ou cela”….grrrrrrrrr….ça commençait royalement à m’agacer. Me faire traiter comme une demeurée. Beurk!

Nos conversations tournaient autour de son délire de persécution; il n’y avait plus de place pour l’échange constructive, mais, seulement, son monologue intérieur qui prédominait. Ses ex étaient tous des “bitch” qui l’on fait terriblement souffrir. Ses gars ne voulaient plus le voir. Ses voisins et la concierge de son bloc appartement étaient tous des “écornifleurs” qui surveillaient tous ce qu’il faisait. Les gens sur la rue le regardait de travers à cause de son look étrange. Je trouvais que son look n’avait rien d’étrange, à mon avis. Je suis de nature écoutante, mais là, j’en avais marre de ses discours négatifs, répétitifs et obsessionnels.

LA FIN BRUTALE

Un jour, il a pété sa coche. La journée avait bien commencé; c’était un bel après-midi ensoleillé de juillet. Nous étions allés faire du lèche-vitrine sur une rue commerciale; question de voir la marchandise dans les boutiques. C’est une passion que nous avions en commun. David voulait me faire une surprise. Il m’avait demandé de rester à l’extérieur d’une des boutiques, il me préparait une surprise. En sortant de la boutique, monsieur, n’avait pas apprécié ma réaction à sa surprise. Je ne comprenais pas ce que j’avais fait de mal.Par la suite, il était tellement pompé que je lui ai dit que s’il préférait partir…

Il a décidé de “pacter” ses affaires et s’en aller de chez moi; mais pendant ce temps, j’ai eu droit à des insultes, des jugements sévères sur ma personne et ma vie. Il avait envie de se défouler et moi, j’étais sa cible. Il était toujours dans son monologue intérieur. Nul besoin de vous dire que j’étais incapable de placer le moindre mot. Ce fut la FIN de notre courte relation qui avait duré 3 mois. C’en était trop.

ASSEZ c’est ASSEZ.

LA PETITE VOIX QUE L’ON ÉTOUFFE

Je sentais, au fil de ces 3 mois de fréquentation, un gros malaise évident entre nous, mais je me mettais la tête dans le sable comme une autruche. LA PETITE VOIX qui m’indiquait que quelque chose n’allait pas. Je refusais de l’écouter, je la taisais..ça fait moins mal. Je ne voulais pas voir l’évidence. Je la trouvais inacceptable. Je me disais: “Ah! non, pas encore un échec amoureux, moi qui pensais avoir trouvé enfin LE BON…Ah! non, ça ne va pas arriver encore une fois”.

Après notre rupture, j’étais complètement dans le déni le plus total. Je n’acceptais tout simplement pas cette maudite réalité de marde. J’en ai fait une dépression. Je m’en suis remise depuis, avec l’aide de consultations chez un psy, mais, j’ai conservé des blessures et cicatrices qui sont difficiles à guérir. Je ressens toujours de l’affection pour David.  Je ne le condamne pas. Je compatis. Je me demande ce qu’il est devenu. En fait, aujourd’hui, je réalise que nous n’étions que deux êtres aux prises avec nos propres fantasmes intérieurs, nos blessures qui se sont heurtés.

J.

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J’ai moi-même eu affaire à mon lot de manipulateurs, moins facile qu’on ne le croit de se sortir de leurs griffes.

Et vous?

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